Dans notre dernier billet, nous avons relayé l’interview de Mario Fourmy au micro de France Inter. Lors de cet entretien, Mario y déclarait notamment : « les photographes sont devenus une variable d’ajustement ». Comme pour confirmer ses dires, une dépêche AFP, relayée par plusieurs médias, annonçait le 12 décembre que le quotidien 20 Minutes supprimait son service photo, par souci d’économies. A la clé, une douzaine de photographes sur le carreau… avant que les rédacteurs ne soient à leur tour menacés.
20 Minutes, c’est ce quotidien gratuit distribué dans les principales villes de France. Lancé en grandes pompes en 2002, il était présenté comme une révolution dans le paysage de la presse grâce à son modèle économique : gratuité pour les lecteurs, le journal étant financé par les annonceurs. Dix ans plus tard, la « révolution », après avoir contribué à l’affaiblissement des recettes publicitaires des quotidiens traditionnels, est dans le rouge. A son tour concurrencé par le plus que gratuit de l’internet.
Mais il y a mieux. En juin 2013, 20 Minutes devenait partenaire de Scoopshot, une application pour smartphones permettant à tout un chacun de vendre – ou non – ses « scoops » à des médias. Comme bien d’autres titres, 20 Minutes invitait ainsi ses lecteurs à devenir photographes en « récompensant » les meilleurs images.
Malgré cela, 20 Minutes est dans le rouge. Et comme d’habitude, les photographes sont les premiers à en subir les conséquences. A force de vanter le tout gratuit, on en vient à oublier les règles économiques les plus élémentaires. Car tout a un coût. Social dans le cas présent. Rétablir une éthique des échanges marchands entre producteurs d’images et diffuseurs est la raison d’être de FIP, plus que jamais d’actualité.
Texte et photo, D.Deflorin